Soutenir les individus et les communautés dans le développement de leurs capacités

Tous nos projets sont réalisés dans le cadre d’un programme de développement unique intitulé « Renforcement des capacités pour un développement intégré des communautés rurales et péri-urbaines ». Chacun de nos partenaires suit une ou plusieurs des trois lignes d’action suivantes : les écoles communautaires, le programme de Préparation pour l’Action Sociale (P.A.S.) et les centres de formation.

ÉCOLES COMMUNAUTAIRES

Renforcer la capacité des individus et des communautés à fournir une éducation intellectuelle et morale aux enfants

Les écoles communautaires offrent un enseignement préscolaire, primaire et, lorsqu’elles sont plus développées, un enseignement secondaire aux enfants. Souvent, les écoles sont créées dans des endroits isolés, où il n’y a pas ou peu d’écoles. Le travail de nos partenaires locaux commence par la sensibilisation de la communauté à l’importance de l’éducation. Le choix de créer une école est le résultat d’une décision de la communauté, ce qui contribue grandement à sa durabilité. Dans une deuxième étape, des personnes désignées suivent un programme systématique de formation d’enseignant et sont soutenues par d’autres membres de la communauté afin d’établir et de maintenir une école communautaire.

La croissance de ces écoles se fait de façon organique : la plupart du temps, les écoles commencent par une seule classe de niveau préscolaire à laquelle s’ajoutent, chaque année, des enseignants et des niveaux scolaires supplémentaires. Dans de nombreux cas, l’école commence à l’ombre d’un arbre ou dans une maison privée, jusqu’à ce qu’elle grandisse et qu’un terrain soit acquis pour construire un bâtiment dédié. 

La participation de la communauté et l’appropriation qui en résulte sont au cœur du projet: la communauté est activement impliquée dans toutes les étapes du développement de l’école.

COMMENT SE MANIFESTE CONCRÈTEMENT L’IMPLICATION DE LA COMMUNAUTÉ DANS L’ÉCOLE ?

Voici quelques exemples qui illustrent l’appropriation de l’école par la communauté et sa participation dans sa gestion et son développement : 

– les habitants fournissent eux-mêmes les matériaux pour construire le bâtiment scolaire ; 

– les parents paient une cotisation qui permet de payer les enseignants et d’entretenir l’école ;

– certaines écoles possèdent des associations de parents qui apportent diverses formes de soutien à l’école ; 

– certaines écoles organisent des séminaires parentaux pour échanger sur l’importance de l’éducation pour la communauté ; 

– le comité de gestion de l’école est en relation étroite avec les dirigeants communautaires et les membres de la communauté, et en conversation continue avec les parents.

COMMENT SONT FORMÉS LES ENSEIGNANTS ?

Au centre des efforts de nos partenaires pour accroître la capacité des communautés à répondre aux besoins éducatifs des enfants se trouve la formation des enseignants, une formation qui lie la pratique à la théorie. Les enseignants sont formés graduellement aux différents niveaux de la maternelle au primaire, lors de séminaires de plusieurs semaines. La formation comprend l’étude du programme du niveau attribué à l’enseignant (en s’inspirant principalement des curriculum nationaux et d’autres matériels pédagogiques), de certaines unités du programme de P.A.S. et d’autres matériels sur le programme d’éducation morale qui est dispensé.

Après le séminaire de formation initiale, les enseignants continuent à être accompagnés tout au long de l’année. Au niveau de l’école, le comité de gestion aide les enseignants à créer et réviser les plans de leçon et à discuter des interactions avec les parents et les élèves, et les enseignants se réunissent régulièrement pour réfléchir et échanger sur leurs expériences. Au niveau régional, des réunions de réflexion régulières sont organisées, et les enseignants reçoivent occasionnellement la visite du personnel régional de l’organisation.

COMMENT EST DÉVELOPPÉ LE CURRICULUM ?

Le curriculum utilisé dans les écoles est développé en continu. Dans le cas de notre partenaire en Centrafrique, une équipe d’enseignants plus expérimentés se réunit régulièrement afin de revoir et d’enrichir le curriculum avec l’accompagnement des directeurs de la Fondation Ahdieh. Les enseignants se basent sur leur expérience pour élaborer des plans de cours. De petits sous-groupes de 3 à 4 enseignants se concentrent sur les domaines spécifiques du programme, à savoir les mathématiques, la technologie, la langue, les sciences et le programme de maternelle. Les concepts étudiés sont complétés par des exercices, des chansons, du théâtre, des arts visuels, des jeux, des activités de mémorisation et des projets de service. Dans tous les domaines du programme, les enseignants aident les élèves à comprendre les implications des concepts qu’ils étudient dans le contexte de leur famille, leur région, leur continent et dans le monde.

QUELLE EST LA CONTRIBUTION DE L’ÉCOLE AU DÉVELOPPEMENT DE LA COMMUNAUTÉ ?

Une école communautaire, quand elle est créée, offre une éducation à un nombre relativement faible d’enfants. Au fil du temps, le rôle que va jouer l’école dans la communauté évolue et se complexifie. Par exemple, au fur et à mesure que la Fondation Ahdieh a acquis de l’expérience en matière de soutien aux communautés pour répondre aux besoins éducatifs de leurs enfants, elle a été de plus en plus amenée à comprendre et à traiter d’autres préoccupations des populations avec lesquelles elle travaille. La nutrition et la santé des enfants constituaient un défi commun à de nombreuses communautés. Les enfants fréquentant les écoles n’étaient souvent pas suffisamment nourris et avaient des difficultés à se concentrer pendant la journée. En 2010, l’organisation a commencé à aider les enseignants de certaines écoles communautaires, ainsi que des membres de la communauté, à étudier des matériels visant à renforcer la capacité d’adopter des pratiques agricoles productives et durables sur le plan environnemental. Avec l’appui de l’organisation, ces communautés ont ensuite établi des parcelles agricoles expérimentales. À un niveau basique, les écoles étaient alors en mesure de fournir un repas chaud aux élèves chaque jour. En outre, un programme de recherche-action a été mis en place pour encourager et aider les communautés à générer, appliquer et diffuser des connaissances sur la manière de répondre efficacement aux besoins nutritionnels de la population tout en augmentant les revenus des familles d’agriculteurs. De même, d’autres programmes de recherche-action peuvent être initiés sur différents aspects de la vie d’une communauté, tels que la santé, et plusieurs écoles espèrent à long-terme établir des centres de santé communautaire. Ainsi, la lecture constante de la réalité sociale conduit à nos partenaires à identifier d’autres domaines d’apprentissage qui font ensuite l’objet de programmes supplémentaires.

QUELLE EST LA PLACE DES FEMMES ET DES FILLES DANS LES ÉCOLES ?

Une attention particulière est accordée aux filles qui fréquentent les écoles communautaires et aux femmes qui sont membres des comités scolaires et qui sont formées comme enseignantes. Environ 60% des élèves des écoles communautaires sont des filles. Comment y arrivent nos partenaires ? Principalement en sensibilisant les parents quant à l’importance de l’éducation de leurs filles qui seront à leur tour les premières éducatrices de leurs enfants. De plus, beaucoup de filles plus âgées doivent s’occuper de leurs frères et sœurs plus jeunes pendant que les parents travaillent. Les écoles communautaires sont conscientes de cette réalité et autorisent ces filles à aller en classe en compagnie de leurs plus jeunes frères et sœurs. Dans certains projets, les partenaires locaux organisent des garderies spéciales pour les enfants des femmes qui souhaitent suivre la formation d’enseignants. Par conséquent, environ 70% des enseignants des écoles communautaires sont des femmes.

PROGRAMME DE PRÉPARATION POUR L'ACTION SOCIALE (P.A.S.)

Développer les capacités intellectuelles et morales des jeunes et adultes pour contribuer au bien-être de leurs communautés

Le programme de Préparation pour l’action sociale est un programme d’éducation pour le développement qui permet aux jeunes et aux adultes de renforcer les « capabilités » dont ils ont besoin pour devenir des promoteurs du bien-être communautaire.

Ce programme vise à aider les jeunes étudiants et professionnels à acquérir, en plus des connaissances et des aptitudes qu’ils possèdent dans leur domaine spécifique, une meilleure compréhension d’un ensemble de concepts et à développer certaines qualités, attitudes et compétences qui leur permettront de mieux servir leur communauté et ainsi de promouvoir le bien-être de leur population. 

Le service à la communauté est l’élément central du programme. Le programme enseigne aux participants à identifier les besoins de leurs communautés et à trouver des façons d’y répondre. Sur la base de leur étude et d’une lecture de leur réalité, les étudiants lancent des initiatives dans des domaines divers tels que la production agricole durable, l’élevage, la préservation de l’environnement, l’éducation des enfants d’âge préscolaire, la santé ou encore des activités génératrices de revenu. Au fur et à mesure que les groupes progressent dans le programme, leurs actes de service deviennent de plus en plus complexes et ont un impact croissant sur la communauté. Les actes de service mènent à des projets de service d’environ 6 mois, et de là, des projets productifs s’ensuivent.

COMMENT A ÉTÉ CRÉÉ LE PROGRAMME DE P.A.S. ?

Le programme de P.A.S. a vu le jour en Colombie et s’appuie sur l’expérience du « Système d’apprentissage par tutorat » (S.A.T.) de FUNDAEC. Le S.A.T. est basé sur une série de manuels qui d’une part présentent des connaissances de divers domaines d’une manière pertinente pour la réalité des élèves des zones rurales de Colombie, et d’autre part constituent le résultat de la systématisation des nouvelles connaissances générées par les processus d’apprentissage qui ont été mis en place dans la région. Ceux qui prennent part à leur étude et apprennent à appliquer la connaissance acquise contribuent à leur tour à générer de la connaissance, et les nouvelles leçons tirées de l’action collective continuent à être systématisées par ce programme.

Le programme S.A.T. a attiré l’attention d’autres ONG et du gouvernement dès les années 1970-1980 car l’éducation dans les zones rurales colombiennes était très limitée. Le Ministère de l’Éducation a officiellement approuvé le programme S.A.T. comme équivalent de l’éducation secondaire et les années 1990 ont été témoin d’une immense expansion du programme, dans 18 départements de la Colombie et d’autres pays d’Amérique Latine, permettant à environ 300 000 jeunes de bénéficier d’un programme d’éducation rigoureux et de qualité répondant aux besoins des communautés rurales. 

Afin de répondre à l’intérêt exprimé par un nombre croissant d’organisations pour l’adoption du S.A.T., FUNDAEC a modifié une partie du contenu du programme et a créé au milieu des années 2000 le programme de Préparation pour l’Action Sociale (P.A.S.), offert comme programme d’éducation non-formel. Actuellement, un réseau mondial composé d’une dizaine d’organisations d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine met en œuvre le programme de P.A.S., dont cinq sont soutenues par Unity Foundation.

COMMENT FONCTIONNE LE PROGRAMME EN PRATIQUE ?

Le programme de P.A.S. se déroule sous la forme de groupes d’étude, chacun composé de 10 à 15 étudiants et d’un tuteur qui se réunissent environ 12 à 15 heures par semaine. Il comprend l’étude de 18 livres qui visent à développer les « capabilités » des participants dans les domaines du langage, des mathématiques, des sciences et des processus de la vie communautaire. Ce dernier domaine englobe le développement communautaire, la technologie et le service à la communauté. Alors que les participants avancent dans l’étude des livres, ils réalisent ensemble des projets de service dans la communauté. Le programme est organisé autour de blocs de 3-4 unités qui sont souvent étudiées consécutivement les unes après les autres. Les activités entreprises par les groupes sont guidées par ces manuels, qui intègrent les connaissances de nombreuses disciplines et aident les étudiants à développer leurs capacités, à servir leur communauté et à influencer les divers processus de la vie communautaire.

QU’EST-CE QU’UNE « CAPABILITÉ » ?

Dans le contexte de ce programme, une capabilité est comprise comme une « capacité de penser et d’agir dans un contexte donné pour un but bien précis ». Elle rassemble les divers attributs que l’individu doit progressivement acquérir au fur et à mesure qu’il poursuit sa croissance personnelle et qu’il apprend à contribuer à l’avancement de la société. Parmi les capabilités que le programme aide les étudiants à développer, nous pouvons mentionner, pour n’en citer que quelques-unes : la capabilité de faire des observations sur les phénomènes, de rechercher des tendances dans les données recueillies grâce à ces observations et de vérifier des hypothèses (dans le domaine des sciences) ; la capabilité de formuler des énoncés numériques (mathématiques) ; la capabilité de formuler des idées et de les exprimer avec toujours plus de clarté (langage) ; la capabilité de créer des environnements d’unité basés sur la diversité et de promouvoir l’unité d’action (capabilité morale).

COMMENT LE PROGRAMME EST-IL GÉRÉ ?

Pour mettre en œuvre et faciliter la gestion du programme au niveau local, une structure administrative appelée « unité » voit le jour. Une unité est composée d’un coordinateur, de 10 à 15 tuteurs avec leurs groupes respectifs et d’environ 150 étudiants. Les tuteurs participent régulièrement à des espaces de renforcement des capacités et à des réunions avec leur coordinateur pour passer en revue les progrès réalisés durant la période passée et planifier les activités à venir. Lorsque plusieurs unités sont créées les unes à proximité des autres, une structure de coordination régionale est créée. Cette structure permet de développer le programme de P.A.S. dans une région.

COMMENT LE PROGRAMME CONTRIBUE-T-IL À L’AVANCEMENT DE L’ÉGALITÉ DES SEXES ?

Le contenu et la méthodologie de ce programme visent à lutter contre les disparités entre les sexes en favorisant l’égalité entre les femmes et des hommes. De plus, en raison de la souplesse de l’horaire d’étude, le programme de P.A.S. est facilement accessible aux femmes. Les statistiques montrent que plus de 50 % des participants sont des jeunes femmes. Des rapports et des témoignages de femmes indiquent que le développement des compétences linguistiques augmente leur confiance et leur permet d’exprimer plus librement leur opinion au sein de leurs communautés locales.

CENTRES DE FORMATION

Favoriser la diffusion d’apprentissages parmi les organisations locales de développement

Les centres de formation rassemblent des organisations promouvant la mise en place d’écoles communautaires dans leurs pays respectifs. Au-delà de favoriser un échange d’expériences, les centres de formation cherchent à identifier, analyser et systématiser les apprentissages générés dans le développement des écoles communautaires. Des personnes-ressources organisent des séminaires dans lesquels les responsables d’organisation, confrontés à des défis similaires, peuvent apprendre les uns des autres et définir des objectifs communs. Elles apportent également aux organisations des conseils au sujet de différentes questions, par exemple liées à la formation des enseignants, et effectuent des visites d’accompagnement pour leur apporter le soutien nécessaire et assurer la capitalisation des apprentissages qui émergent des différents pays.

Actuellement, nous soutenons des centres de formation en République centrafricaine et au Malawi. Nos partenaires de la Fondation Ahdieh et de Bambino Foundation accompagnent des organisations venant respectivement des pays suivants :  

  • La Côte d’Ivoire, la République Démocratique du Congo, la République du Congo, le Tchad ;
  • Le Kenya, le Swaziland, la Tanzanie et la Zambie.
QUELS APPRENTISSAGES SONT GÉNÉRÉS PAR LES CENTRES DE FORMATION ?

Parmi les nombreux apprentissages qui ont été générés par les organisations des pays anglophones, et que les espaces de consultation organisés par le centre de formation ont permis de rassembler, on peut citer les suivants :

– L’école est plus qu’un bâtiment ; elle sert de « centre de lumière », où des conversations sur la façon de développer la communauté dans son ensemble peuvent avoir lieu. 

– Quand des espaces sont créés pour que différents acteurs entourant une école – les enseignants, les parents, les membres de la communauté, les comités de gestion des écoles, les institutions (gouvernement, dirigeants communautaires et autres ONG) – se rencontrent et se consultent, cela accroît le soutien apporté à l’école par la communauté, favorise l’esprit d’appropriation et contribue au développement et à la durabilité des écoles.

– Un accompagnement étroit et régulier des enseignants de la part des coordinateurs à différents niveaux, nourri par des encouragements constants, renforce leur engagement.