Faire de l’éducation universelle une réalité : l’exemple de l’école Ère Nouvelle de Batalimo
En cette journée mondiale de l’enfance, nous sommes heureux de partager l’histoire de l’école Ère Nouvelle de Batalimo, en République centrafricaine, qui illustre les efforts de nos partenaires locaux pour faire de l’éducation universelle une réalité.
L’école communautaire Ère Nouvelle se trouve à Batalimo, dans le sud du pays, à près de 200 km de la capitale Bangui. C’est un village situé dans la forêt équatoriale dont les habitants vivent de l’agriculture, de la pêche, de la cueillette et de l’exploitation du bois. Le village souffre de la faiblesse des infrastructures de base : il n’y a ni électricité, ni eau courante, ni réseau téléphonique et la structure de santé est précaire. L’éducation est un secteur qui souffre aussi à cause du manque d’écoles et d’enseignants qualifiés.
L’école Ère Nouvelle de Batalimo a été créée dans les années 1990 comme école tutélaire. Ses activités se déroulaient en plein air, sous l’ombre d’un arbre, et consistaient en des cours de lecture et d’écriture élémentaires d’une manière informelle. Au fil du temps, ses activités ont diminué d’intensité, et progressivement, se sont éteintes. C’est là que la Fondation Ahdieh a été créée pour donner un nouveau souffle à des écoles comme celle-ci, en fournissant une formation aux enseignants et en soutenant les communautés dans la création de nouvelles écoles.
En 2004-2005, quand la fondation Ahdieh a commencé à fournir une formation centralisée d’enseignants à Bangui, la communauté de Batalimo a envoyé ses candidats pour initier la classe de maternelle. Chaque année, une formation pour une classe supérieure était donnée, et au bout de sept ans l’école disposait de tout le personnel enseignant qualifié.
Les ressources à former étaient sélectionnées parmi la population locale et n’avaient pas nécessairement bénéficié d’une formation scolaire avancée. La quasi-totalité de ces enseignants n’avait pas franchi le niveau collège de l’école secondaire.
Après ces formations continues offertes par la Fondation Ahdieh, l’école Ère Nouvelle a pu disposer des ressources humaines locales, toutes résidentes dans la localité, pour enseigner toutes les sections, depuis la maternelle jusqu’en CM2. Ainsi, l’école n’a jamais attendu les affectations d’enseignants venant d’ailleurs, comme c’est le cas dans les écoles publiques, qui font parfois face à des abandons de postes par des enseignants qui rentrent dans leurs localités d’origine.
Des enseignants de l’école Ère nouvelle en train d’enseigner et en formation.
Au fil du temps et avec les expériences croissantes, le nombre d’enseignants à former devenait de plus en plus grand, ce qui a amené la fondation à décider de décentraliser sa structure pour se prolonger dans les régions du pays, afin d’être plus proche de la population et de pouvoir s’adapter aux réalités spécifiques de chaque région. Batalimo se trouve dans la région de Ompella M’poko, et la sous-région de la Lobaye. Depuis 2011, la sous-région de la Lobaye est dotée de son site de formation des enseignants, et son siège est établi à Batalimo. Les facilitateurs de formation d’enseignants de ce site sont les enseignants expérimentés venant de l’école Ère Nouvelle.
L’école Ère Nouvelle est financièrement prise en charge par la communauté. Au début, les parents ne payaient pas correctement leurs redevances scolaires. Les enseignants, mus par un fort esprit de sacrifice, ont patiemment éduqué les parents pour qu’ils remplissent leurs obligations. Des réunions communautaires ont été menées pour renforcer la compréhension des parents de leur devoir d’éduquer leurs enfants. De cette façon, les contributions pour soutenir l’école se sont substantiellement accrues, et de nos jours l’école reçoit plus de 90% des redevances scolaires des parents, qui sont dépensées pour les salaires des enseignants et pour le fonctionnement de l’école. Quand les efforts de la population avaient atteint leur limite, la fondation a octroyé une aide remboursable à long terme à l’école, pour contribuer à améliorer la qualité des bâtiments scolaires et augmenter le nombre de classes.
Depuis 2012, l’école Ère Nouvelle libère chaque année une promotion d’élèves qui terminent le cycle primaire et qui font un examen de passage au cycle secondaire. L’école s’est distinguée dans la région par ses records du nombre d’admis à ces examens, qui sont immanquablement au-dessus de 99%, souvent à 100% de réussite.
Une formation d’enseignants organisée par la Fondation Ahdieh ; des enfants de l’école Ère nouvelle.
Malheureusement, il n’existe pas d’école secondaire dans la localité. Les parents se voient obligés d’envoyer leurs enfants loin de leurs familles, à Moungoumba ou Mbata, localités distantes de plus de 20 km et 30 km respectivement. Cette problématique préoccupe toute la population de Batalimo, qui cherche les moyens de créer un collège sur place. Des conversations communautaires ont été entamées en 2019 avec l’aide de la fondation, et l’espoir est qu’elles aboutissent dans les plus brefs délais à la création de ce collège.
Les yeux de la population sont rivés sur l’école Ère Nouvelle comme source d’espoir. En effet, l’école a initié des actions pionnières pour le progrès du village. Les conversations sur l’éducation comme base du développement ont éveillé et édifié la population. De nos jours, le besoin urgent de communiquer par voie téléphonique et par internet se fait sentir. L’école a pris l’initiative de mener des démarches auprès d’une entreprise de téléphonie mobile à Bangui, afin qu’elle étende son réseau dans ce village. L’école est devenue le ciment qui renforce les liens d’amitié, de coopération et de soutien mutuel dans la communauté. Et la population s’est pleinement appropriée cette école – celle-ci est véritablement devenue une école communautaire.